TERRAMAZ ou comment s’attaquer aux causes profondes de la déforestation en Amazonie ?

Signature de la convention le 10/09/2020 à l’AFD, de gauche à droite : Frédéric Appolin (Directeur de AVSF), Pierre-Emmanuel Leclercq (Directeur Général Délégué de ONFi), Rémy Rioux (Directeur Général de l’AFD), Marie- Gabrielle Piketty (Directrice Projet TerrAmaz – Cirad), Philippe Lacoste (Directeur du Développement Durable au MEAE/DGM), Michel Eddi (Président Directeur Général du Cirad)

 

La déforestation en Amazonie, générée en partie par des incendies volontaires, est le produit d’une chaîne d’exploitation économique dont nous sommes tous peu ou prou responsables.

Le projet TerrAmaz veut démontrer qu’il est possible, localement, d’aménager durablement les territoires ruraux amazoniens selon des modèles conciliant préservation de la forêt et de la biodiversité tout en garantissant qualité de vie aux populations qui les habitent. L’approche combinera le renforcement de la planification territoriale et le développement de techniques agro-forestières et sylvopastorales performantes alternatives aux systèmes de production historiquement prédominants dans ces régions.

Coordonné par le Cirad, ce projet est également mené par ONF-International et ses succursales ONF Brasil et ONF Andina, et l’ONG Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières (AVSF). Il est intégralement financé par l’AFD (Agence Française de Développement), pendant 4 ans, à hauteur de 9,5 M€ répartis entre les composantes d’ingénierie territoriale innovante, de recherche scientifique appliquée, et de mise en oeuvre locale sur cinq territoires pilotes répartis entre le Brésil, la Colombie, l’Equateur et le Pérou.

Ces sites pilotes, où les membres du consortium sont déjà en activité depuis longtemps pour la plupart, sont répartis en plusieurs zones de la forêt amazonienne aux dynamiques territoriales spécifiques. Ils devront dégager des enseignements concrets et reproductibles tout en s’adaptant aux contextes locaux, tels que des référentiels technico-économiques sur les systèmes agricoles, d’élevage et forestiers durables, des méthodes de certification territoriale en matière de transition durable adossées à une participation effective des populations locales, une évaluation des services écosystémique rendus par cette approche dite « paysagère ».

Leur succès repose sur l’engagement d’équipes municipales ou de gouvernements régionaux, la mobilisation forte des acteurs locaux et la concertation avec la population.

ONFI apporte au projet Terramaz :

  • FORLAND, une plate-forme de gestion participative du territoire développée avec le Cirad et l’Université Polytechnique de Zürich. Sur une plateforme unique géoréférencée, FORLAND rassemble des outils de planification et de suivi du territoire (notamment de la déforestation et des indicateurs d’impact complémentaires), des scénarios prédictifs d’aménagement du territoire rural, des actions qui y sont entreprises et des outils permettant d’associer les habitants du territoire et leurs représentants aux processus de décision. FORLAND devrait permettre de certifier 4 des 5 territoires expérimentaux du projet Terramaz.
  • deux territoires pilotes : La Fazenda São Nicolau et la commune de Cotriguaçu dans le Mato Grosso (Brésil) et le département du Guaviare (Colombie), en continuité du projet Caminemos.

La Fazenda São Nicolau, propriété d’ONF Brasil depuis 21 ans à l’initiative de Peugeot et l’ONF, est une réserve sauvage naturelle remarquable où l’on découvre chaque année de nouvelles espèces, un puits de carbone (plus de 2 millions d’arbres d’espèces natives plantés grâce à l’appui de Peugeot et l’ONF), un terrain d’expérimentation pour l’agro-foresterie, l’exploitation durable de produits forestier leigneux et non-leigneux (1er plan de gestion durable de la noix du Brésil) et la recherce scientifique. C’est aussi un exemple

  • d’insertion locale, notamment avec population de paysans sans terre – réinstallés dans le voisinage par la politique de réforme agraire – qui la protègent aujourd’hui de possibles intrus.
  • de coopération de long terme avec l’administration fédérale du Mato Grosso,
  • de collaboration avec l’administration locale et les ONG implantées localement depuis plus de 20 ans comme l’ONG brésilienne ICV (Instituto Centro de Vida).

Le Guaviare, département forestier amazonien de la Colombie, est quant à lui un exemple de la lutte contre les déterminants de la déforestation par le développement économique agricole (café, cacao, ananas vaches laitières) alternatif à la cocaïne et la vache à viande, notamment. ONF Andina, filiale d’ONFI en Colombie depuis 20 ans, travaille avec 400 familles, demain beaucoup plus grâce à Terramaz, pour financer ces cultures alternatives intensives afin d’éviter la déforestation ou l’engagement dans le conflit civil.

ONF Andina y travaille depuis plusieurs années avec l’administration de l’Etat du Guaviare sur fonds européens pour la paix dont la provenance est essentiellement française.